Auguste CHAMPETIER DE RIBES est un homme politique français, né le 30 juillet 1882 à Antony dans la Seine (Hauts-de-Seine), décédé le 6 mars 1947.
Juriste, il fut un adepte du christianisme social et un disciple d'Albert de MUN. Il fut blessé pendant la Première Guerre mondiale, puis élu au titre du Parti démocrate populaire député des Basses-Pyrénées de 1924 à 1934. Il fut ensuite sénateur, de 1934 à 1940.
Président du Parti démocrate populaire à partir de 1929, il fut :
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sous-secrétaire d'État aux Finances du 3 novembre 1928 au 21 février 1930,
- ministre des Pensions du 2 mars au 13 décembre 1930 dans le ministère André TARDIEU,
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ministre des Anciens combattants et pensionnés du 10 avril 1938 au 13 septembre 1939 dans le cabinet Édouard DALADIER,
- sous-secrétaire d'État du 13 septembre 1939 au 10 mai 1940 dans les gouvernements Édouard DALADIER et Paul REYNAUD.
Il refusa de voter les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 (voir : Liste des 80 parlementaires ayant voté contre les pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940). Il se retira dans son département, où il dirigea le mouvement Combat. Premier leader de parti à reconnaître l'autorité du général de GAULLE en qualité de chef de la France libre, il fut membre de l'Assemblée consultative provisoire à la Libération. De GAULLE le nomma délégué du Gouvernement Provisoire de la République Française auprès du Tribunal militaire de Nuremberg. À son retour, il devint président du Conseil de la République le 27 décembre 1946 au bénéficie de l’âge, car, comme son concurrent communiste Georges MARRANE, il obtint 129 voix. Deux jours plus tard, il fut le candidat du MRP à la présidence de la République contre le socialiste Vincent AURIOL (Voir : Élection présidentielle française de 1947). La maladie l’empêcha d’assumer sa fonction de président de la Haute Assemblée.
"Auguste CHAMPETIER DE RIBES est parmi les plus méconnus des hommes politiques de la IIIème république. Et pourtant cet avocat comptant parmi les acteurs du catholicisme social du début du XXème siècle, mutilé de la Grande Guerre, a joué un rôle de tout premier plan dans la vie politique de l’entre-deux-guerres.
Président du Parti démocrate populaire, député puis sénateur des Basses-Pyrénnées, ce leader du centre a su allier la fermeté de ses convictions chrétiennes et l’esprit d’ouverture qui refuse la bipolarisation du monde politique entre la droite et la gauche. Figure essentielle dans la démocratie chrétienne française, il y joue le rôle de précurseur en étant le premier à avoir été investi de la charge ministérielle grâce à laquelle il est le père de la retraite du combattant.
Cet Européen convaincu n’ a pas manqué de lucidité à l’heure de la montée des fascismes en soutenant les Basques d’Espagne combattus par les franquistes et en manifestant son désaccord lors de la capitulation diplomatique de Munich.
En 1940, il est parmi les quatre-vingts parlementaires à refuser les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et se trouve à l’origine du premier réseau de Résistance en Béarn. Il est le premier leader de parti à reconnaître officiellement la légitimité du Général de GAULLE en qualité de Chef de la France libre. Arrêté en 1942, il est détenu à Evaux-les-Bains pendant dix-huit mois. A la libération, il refuse l’ambassade de France à Washington et engage un dialogue difficile avec la jeune génération démocrate-chrétienne du MRP qui le prive provisoirement d’un retour sur la scène politique.
Nommé procureur général de la France au procès de Nuremberg, il est le seul – avec le procureur britannique- à parler de "génocide" pour évoquer la Shoah. Il meurt en 1947 après avoir été élu président du Conseil de la République, le troisième personnage de l’État."
Philippe DAZET-BRUN – "CHAMPETIER DE RIBES, Un catholique social en République."